Sur la plus modeste de mes gravures, huit, dix épreuves d’état ont toujours été nécessaires avant d’arrêter l’achèvement de l’œuvre. Cela signifie une multitude de métamorphoses, avec des transformations parfois légères, parfois terribles, des remaniements incroyables. Cette avancée souterraine, dans la lenteur, sur un rythme du temps, entre méditation et doute, est un des secrets de la gravure.
Avec les années passées en gravure, je vais aujourd’hui vers une conception de plus en plus libre de la pratique, vers plus de légèreté, de fluidité, parfois de fulgurance. Une influence certaine de la peinture.
Il est important de préserver un esprit frais, ne pas non plus oublier « l’esprit du débutant » dont parlent les maîtres zen. Cheminer avec souplesse, vers une sorte de travail sans travail, de technique au delà de la technique, en acceptant avec la même bienveillance la réussite ou l’échec. La gravure est pour moi comme la marche pour les pèlerins de Compostelle :
Oublions le but… l’essentiel c’est le chemin lui-même.
Jean David Saban