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L’art de la transparence

8 décembre 2013

Pourtant, très rapidement l’amateur apprend à « lire » une estampe, à retrouver les pistes et les sentiers qu’a emprunté l’artiste dans l’élaboration de sa gravure ; le mélange des techniques qui compliquent et enrichissent l’œuvre. Ici, il devinera, à peine visible par en dessous, la trace presque imperceptible d’une aquatinte. Ailleurs, il retrouvera dans le velours inouï des noirs l’attaque directe d’un burin ou de la pointe sèche et la trace caractéristique des barbes de cuivre sur lesquelles l’encre va s’accrocher.

Car la gravure est l’art de la transparence. A quoi la comparer. A des strates, des trames de dentelles ou de résilles superposées. L’idée et d’aller toujours plus loin, vers une estampe de plus en plus complexe, dense , riche, tout en laissant avec délicatesse deviner le travail antérieur par transparence. Certains peintres travaillent parfois de la sorte. En effet, un peintre de chevalet peut chaque jour transformer radicalement son tableau en recouvrant le travail de la veille. Cependant, à moins de photographier son œuvre après chaque séance le peintre n’aura qu’un vague souvenir du tableau de départ. Le graveur, lui, peut, après chaque intervention sur sa plaque, imprimer un tirage d’essai et (épreuve d’état) et le comparer à celui de la veille. Ici apparaît la spécificité de la gravure : les épreuves d’essai ou d’état, à la fois un avantage et… une malédiction, car cela ouvre la porte du doute à l’infini.

Jean David Saban