Le Maître...
René Izaure nous a quitté le 30 janvier 2014
Quand j’ai eu la chance de rentrer dans l’atelier de René Izaure, après 2 ans de tronc commun à l’école des Beaux Arts de Toulouse, j’étais presque prêt à quitter l’école, dégouté par l’absence d’enseignement véritable.
5 à 6 élus rentraient chaque année dans l’atelier du Maître, dont le premier abord n’était pas commode. Il y avait une phase d’observation réciproque, une mise à l’épreuve...
J’ai souvent dit : "L’enseignement d’Izaure, c’était le Zen avant le Zen... Il demandait au fond à ses élèves un peu le même engagement qu’attend le Maître Zen de ses disciples : L’abandon de l’égo, la Foi absolue dans la répétition d’une pratique quotidienne... l’étude des maîtres du passé.
La potion était souvent amère, décourageante parfois... certains craquaient, abandonnaient la partie... Izaure ne les retenait pas...
Mais cette absolue exigence à la limite du supportable était tempérée par la douceur de cet esprit unique, l’exceptionnelle humanité d’Izaure et cet humour permanent qui a toujours été le signe des grands artistes.
"Faites ce que vous avez à faire avec le plus grand sérieux, mais ne vous prenez pas au sérieux..." nous répétait-il souvent.
Un étrange enseignement, qui en définitive passe "de mon âme à ton âme" comme disent les bouddhistes... le fil de la pratique du dessin, le rail de la gravure... et autour des milliers d’heures de discussions passionnées et passionnantes sur l’art, la vie, la mort...nous ne savions pas alors qu’Izaure nous transmettait là, l’essence de son enseignement, de sa philosophie, de son expérience et de sa force.
Cette force, nous la trouverions plus tard, bien plus tard, dans la solitude pour ceux d’entre nous qui auraient le courage et l’audace de s’aventurer dans cette voie de la création si exaltante mais si difficile.
J’ai pour ma part une éternelle gratitude, un immense sentiment d’amitié et de reconnaissance pour celui sans qui je n’aurais jamais eu la force de continuer cette aventure.
Il y a beaucoup d’artistes qui m’ont aidés à me construire, à me cerner, à comprendre ce que je cherchais... mais je dois simplement TOUT à René Izaure.
Toutes mes pensées amicales à sa femme Danièle et à sa famille.